Qui ne connaît pas le pissenlit ? Mais au fait, qui le connaît vraiment ? Malgré ses beaux atours évoquant le soleil, par la disposition radiaire de ses pétales dorés, le pissenlit figure parmi les plantes fort méprisées qu’on s’évertue à éliminer de toutes sortes de façons.
Il est vrai que cette plante a tendance à s’installer candidement dans nos jardins et sur nos pelouses et à se propager de façon exubérante, pour le meilleur et pour le pire de notre humeur. On peut se demander si une plante à ce point prolifique et insistante n’aurait pas à offrir quelques bontés pour notre mieux-être? Permettez-moi de vous la présenter avec un autre regard; en la connaissant mieux, peut-être pourrons-nous l’apprécier davantage lorsque nous apercevrons les champs regorgeant de ses fleurs dorées.
Le pissenlit est aussi appelé « dent-de-lion », en raison de ses feuilles dentées et pointues, et de son appellation anglaise « dandelion »; mais son nom proviendrait de « pisse-en-lit », faisant ainsi référence à ses propriétés fortement diurétiques. Les feuilles, les racines et les fleurs partagent des propriétés communes, de sorte que toute la plante est utilisée en herboristerie. Toutefois, les feuilles ayant un tropisme plus marqué pour les reins sont davantage diurétiques, les racines par leur action plus prononcée sur le foie sont particulièrement dépuratives et digestives; les fleurs, quant à elles, sont dotées de puissantes propriétés antioxydantes par leur richesse en polyphénols. Même le latex contenu dans la tige peut être appliqué directement sur les verrues pour les enrayer.
Le pissenlit est reconnu par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) comme un excellent draineur du foie et des reins, un dépuratif, ainsi qu’un tonique général. On récolte les feuilles au printemps, avant la floraison, et les racines au printemps et à l’automne.
L’infusion de feuilles de pissenlit, par leur effet diurétique, aidera à éliminer l’excès d’acide urique en favorisant son excrétion; ceci peut s’avérer intéressant pour les personnes ayant des problèmes d’arthrite goutteuse. Dans les cas d’œdème par rétention d’eau, le pissenlit saura vous faire uriner pour éliminer cet excès liquidien. On prépare l’infusion avec 1 c. à soupe de feuilles séchées infusées 10 minutes dans 150 ml d’eau bouillante, que l’on consomme 3 fois par jour.
Les jeunes feuilles fraîches se consomment en salade, seules ou accompagnées d’autres verdures; leur saveur légèrement amère favorise la sécrétion de bile par le foie de même que son excrétion, ce qui contribue à faciliter la digestion et à vidanger la vésicule biliaire.
Quant aux racines séchées, elles se préparent en décoction, à raison de 1 c. à café dans 250 ml d’eau froide; amener doucement à ébullition et bouillir 3 minutes, puis infuser sous couvert pendant 15 minutes; boire ½ tasse avant les repas pour stimuler les sécrétions digestives et ainsi faciliter la digestion.
La teinture-mère, préparée à partir des racines de plants âgés de 2 ans, supporte le foie et en draine les toxines; prendre 25 gouttes une à deux fois par jour.
Tant l’infusion de feuilles que la décoction ou la teinture-mère de racines pourront être utilisées comme dépuratif du printemps, pour soigner les problèmes de peau, l’engorgement du foie, la lenteur digestive et éliminer l’excès d’acide urique, ou d’oxalates pour les personnes sujettes aux calculs rénaux. Elles contribueront aussi à réguler le taux de sucre chez les personnes ayant tendance à l’hyperglycémie. Toujours limiter son usage toutefois à un maximum de 2 semaines, pour ne pas solliciter excessivement les organes d’élimination et aussi s’assurer de boire 2 litres d’eau par jour pour compenser la perte liquidienne occasionnée par l’élimination urinaire qui peut être profuse.
Le pissenlit est aussi un légume sauvage très riche sur le plan nutritionnel, gracieuseté de la nature. Sa haute teneur en sels minéraux, tels le fer, le potassium, le calcium, le cuivre, la silice et le manganèse, en fait une plante minéralisante pour fortifier nos os, nos dents et nos ongles. Il contient autant de vitamine C qu’un citron, plus de fer que les épinards et presque le double de vitamine A que la carotte. La plante contient aussi de bonnes quantités de vitamines B et de vitamine K, des polyphénols qui sont de puissants antioxydants, ainsi que de l’inuline, un prébiotique qui nourrit les bonnes bactéries de notre flore intestinale. Ainsi, les feuilles de pissenlit servies en salade au printemps sont de véritables concentrés nutritionnels. On peut aussi les consommer dans les soupes, les quiches ou les smoothies.
Outre son potentiel thérapeutique et nutritionnel qu’il nous offre généreusement, le pissenlit constitue aussi un aliment de survie pour les abeilles affamées au printemps qui s’abreuvent de son nectar et de son pollen qui leur permettront de produire à leur tour du miel dont on pourra se délecter.
Une précaution s’impose toutefois. Étant donné ses actions diurétique et hypoglycémiante, de même que sa richesse en vitamine K, et autres constituants actifs, le pissenlit consommé en quantité pourrait potentialiser l’effet de certains médicaments. Demandez l’avis de votre pharmacien avant d’entreprendre une cure détoxifiante avec le pissenlit si vous prenez des médicaments de façon régulière.
Suzanne Malenfant md www.smalenfant.com