Le nom « consoude » vient du latin « consolidare » qui veut dire consolider, réparer. La consoude officinale est en effet la plante par excellence pour réparer les tissus endommagés, que ce soient la peau, les muscles, les tendons, ou les os, grâce à ses actions anti-inflammatoire et cicatrisante. La consoude « soude » littéralement les tissus abimés en stimulant la régénération des cellules. On l’utilise donc pour cicatriser les plaies, les coupures, les gerçures, de même que les brûlures, les foulures, les déchirures musculaires ou ligamentaires et même les fractures osseuses. En anglais, on la nomme « Boneset » en référence au traitement des fractures. C’est sa richesse en allantoïne qui lui confère ce pouvoir réparateur. Cette molécule se trouve en abondance dans ses racines, et en moindre quantité dans ses feuilles. Racines et feuilles contiennent aussi de l’acide rosmarinique, puissant anti-inflammatoire et antioxydant, de même que du mucilage au pouvoir émollient pour adoucir les callosités, par exemple. Les premiers colons ont importé la consoude officinale d'Europe pour la cultiver dans leurs jardins de plantes médicinales. Elle s’est très bien naturalisée au Québec et on la retrouve en abondance dans les lieux incultes, le bord des routes, les vieux jardins et les prairies humides. Il s’agit d’une plante rustique et prolifique qui vit facilement 20 ans. On la reconnait à sa tige robuste entourée de poils courts et à ses larges feuilles velues et pointues; de jolies fleurs en clochettes apparaissent en juillet, d’abord d’un beau rose pastel, puis évoluent vers le bleu au cours de la floraison. Sa forte racine peut s’enfoncer jusqu’à deux mètres dans le sol. Il émane de cette plante une grande vigueur, une force d’affirmation et un grand désir de se perpétuer. De fait, il est pratiquement impossible de l’éradiquer une fois qu’elle est implantée. Malgré sa grande richesse en minéraux et en principes actifs, on évite l’usage interne de la consoude, en raison de la présence, en faible quantité toutefois, d’un alcaloïde toxique pour le foie (la pyrrizolidine); on privilégie plutôt son usage externe pour bénéficier de ses propriétés réparatrices et régénérantes, soit en huile infusée, en cataplasme, ou sous la forme du merveilleux onguent de consoude. Pour préparer cet onguent, il faut récolter la racine tôt au printemps ou à la fin de l’automne. Après l’avoir bien nettoyée, on la coupe en menus morceaux qu’on fait sécher avant de les placer dans un bocal et les recouvrir d’huile d’olive; on les laisse macérer ainsi pendant 4 semaines. Les principes actifs se diffuseront dans l’huile qu’on filtrera ensuite au travers d’une mousseline. L’étape finale consiste à y ajouter de la cire d’abeille fondue, dans une proportion de 5 parts d’huile pour 1 part de cire d’abeille afin de lui donner sa texture. On remplit alors nos petits pots d’onguent auquel on ajoute quelques gouttes d’huile essentielle de lavande comme agent de conservation. Si on omet l’étape de la cire d’abeille, l’huile infusée peut être utilisée directement sur la peau pour les mêmes indications que l’onguent. Des cataplasmes peuvent aussi être appliqués sur les brûlures, tendinites, ou entorses à partir des feuilles et/ou racines fraîches broyées et mélangées à un peu d’eau pour obtenir une pâte mucilagineuse. Garder le cataplasme en place plusieurs heures. La consoude peut ainsi être considérée comme une plante de premiers soins. Plus encore, elle va même soigner nos jardins. Ses feuilles peuvent être récoltées plusieurs fois pendant l’été pour servir de paillis près des plantes gourmandes afin de les nourrir en minéraux. Elles constituent aussi un excellent ajout au compost qu’elle enrichira d’azote, de calcium, de phosphore et de potassium, entre autres minéraux. Cette richesse minérale provient des très longues racines qui vont puiser ces minéraux profondément dans le sol et les acheminer vers le feuillage. Mais n’apportez surtout pas de segment de racine, si petit soit-il, à votre compost, car vous risqueriez de le voir se transformer en bosquet de consoude en quelques années …
Suzanne Malenfant md www.smalenfant.com